Nul besoin de se lancer dans des études chiffrées pour le constater : notre capacité d’attention et de concentration s’effondre.
C’est l’une des dérives du digital. La consommation de médias et la fréquence d’utilisation du multiécran et des réseaux sociaux sont les principaux facteurs qui expliquent la baisse de la durée d’attention au fil des ans.
Ce mois-ci, j’ai désinstallé Facebook trois fois de mon smartphone. Je l’ai réinstallé autant de fois dans des moments où je pensais m’ennuyer.
Pas grave. Je recommence. Addict, moi ?
Dans l’ensemble, les activités numériques diminuent la capacité à rester concentré sur une seule tâche, particulièrement dans les environnements non numériques. Ressentez-vous cette difficulté à lire un livre ou un magazine lorsque votre smartphone est à vos côtés ?
Si c’est le cas, vous êtes atteint de la maladie de notre siècle. Facebook, Instagram, Twitter et tous les médias en ligne vous font baigner dans une sorte d’urgence du néant.
Nous dégainons nos smartphones de façon compulsive à n’importe quel moment de la journée, pour explorer un lot de notifications sans intérêt pour la plupart. Comme si nous avions peur de louper quelque chose d’important.
De fait, lorsque les gens surfent sur le Web sur leurs smartphones, ils vont plus rarement au bout de leur démarche.
On fait défiler l’écran au lieu de cliquer.
On scanne au lieu de lire. Même notre courriel personnel souffre de ce manque d’attention.
Nous sommes ainsi exposés à quantité de sujets que nous survolons, mais nous creusons rarement pour aller plus loin.
Par conséquent, les petits caractères sont ignorés. Nous cherchons les gros titres, pas la nuance. Et vu comment certains médias s’encanaillent à coup de titres clickbait sur de l’actualité sérieuse (coucou BFM 👋), il n’est pas étonnant de lire des commentaires illuminés sur les réseaux sociaux.
Nous ne vivons plus la course à l’audience, mais la course à l’attention. Chacun tente de crier plus fort que son concurrent.
On assiste à un déluge de commérages et de maigres promesses.
Sur le web mobile, nous effleurons souvent les sujets. Nous accédons au vernis de l’actualité.
Notre consommation de contenu ressemble davantage à un toc qu’à une nécessité. Cette addiction transforme notre comportement de façon étrange.
Ce n’est pas un hasard si les billets de blog raccourcissent sur nombre de médias — la tendance est inverse sur les blogs sérieux par contre. Les gens retweetent et posent des “pouces bleus” sans lire les contenus.
En fait, est-ce vraiment notre attention qui baisse ou juste le tsunami de bruits qui se disputent notre attention qui nous amène à ne plus savoir où donner de la tête ?
Il est possible que vous trouviez avantageux d’aller toujours plus vite, de brasser l’information en largeur, mais pas en profondeur.
Mais c’est beaucoup plus satisfaisant — et bien plus efficace — d’aller à contre-courant. Même si ce n’est que quelques heures par jour.
On utilise souvent l’expression “surfer” sur le web. Surfer, c’est fun. C’est distrayant. Ca va vite.
Néanmoins, si l’on reste dans les sports aquatiques, la plongée sous-marine a cet avantage de vous permettre de mieux connaitre l’élément marin, de savourer le monde qui vous entoure … et de retrouver le silence.
Si quelque chose vous tient à cœur, songez à ne pas seulement “surfer”, mais “plongez” en profondeur. Prenez un moment pour ralentir et comprendre.
Et si un sujet n’a pas d’intérêt pour vous, alors peut-être que vous n’avez même pas besoin de vous soucier de la surface. Et récupérez votre attention !