Confessions d’un rédacteur blasé.
Je dois l’avouer. Je suis fatigué du contenu que je produis depuis maintenant quelques années. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’a poussé à publier sur Medium, afin d’orienter mon contenu de façon différente.
Je suis consultant en content marketing et j’écris des dizaines d’articles par mois. Ce que j’écris pour mon propre compte m’ennuie. Tout cela manque de saveur, d’intelligence, de pertinence et d’analyse … et plus que tout, cela manque de personnalité. Ouch.
Vous connaissez le proverbe sur les cordonniers mal chaussés ? Il s’adapte très certainement aux marketeurs de contenu.
Comment arrivons-nous à rendre des secteurs peu intéressants plutôt sexy et à l’inverse peinons-nous à nous renouveler concernant notre propre domaine ?
Est-ce seulement un souci de perception ? En effet, on a moins de recul sur notre travail. La lassitude d’écrire sur un domaine en particulier peut s’installer assez facilement et de ce fait, on juge notre travail plus durement.
Ne voulant jeter la pierre à personne, je me pointerai du doigt. Je ne veux pas stigmatiser l’ensemble d’une profession. Certains font ce travail avec originalité. Néanmoins, les points que j’aborderai ici concernent malheureusement bon nombre d’entre nous.
M’as-tu vu ?
Pourquoi j’écris ? S’il m’arrive d’écrire par plaisir, autant le dire tout de go, quand je parle de marketing et de tout ce qui a trait à mon métier, j’écris avec une démarche commerciale.
Le but n’est pas forcément de vendre directement. Mais l’idée d’attirer des leads, de les convaincre, de les former, de les nourrir est toujours bien présente dans un coin de ma tête.
Je raccourcis pas mal les choses, mais l’essentiel est là. J’écris un article qui répond à une question de mon coeur de cible, celle-ci tombe sur un lien sur les réseaux sociaux ou les résultats d’un moteur de recherche et boum la voila sur mon site.
Dès lors, la mise en place de Call-to-action, des pièges à leads, sont semés pour que l’utilisateur s’enregistre sur ma base de données afin qu’au fil du temps et des messages que nous partagerons, je puisse convertir ce prospect en client.
Evidement, pour qu’un article perce et rencontre son public, nous recherchons la viralité. Celle-ci devient plus difficile à obtenir d’année en année.
Les plateformes sociales se rient du contenu des marques et tendent à le réduire à peau de chagrin, de façon à les réorienter vers leurs plateformes publicitaires.
Côté SEO, nous assistons à une concurrence acharnée dans quelques secteurs. Puisque la grande majorité des acteurs de mon secteur produisent du contenu, les places sur la première page de Google sont chères.
Trop de contenus produits pour 10 pauvres places, dont seules les trois premières ont vraiment de la valeur. Même Google cherche à garder les utilisateurs captifs sur sa propre plateforme, et donc à réduire l’impact des résultats organiques.
Adwords et les box de Google issues des rich snippets occupent désormais tout l’écran visible de l’internaute.
Pour arriver aux véritables résultats organiques, l’utilisateur doit désormais faire défiler l’écran de l’équivalent de presque deux fois la hauteur de l’écran pour certaines recherches, comme pour l’exemple ci-dessous.
Google teste même une première page sans résultat organique actuellement.
Du coup, pour assurer une visibilité à notre contenu — dont, il faut le rappeler, la création est extrêmement chronophage — nous avons tendance à entrer dans le “moule” de ce que Google valorise et de ce que les utilisateurs ont tendance à mettre en avant. Même si la tendance actuelle favorise le contenu de bonne qualité, cela reste dans le cadre d’une forme simplifiée.
Oui. Si vous visitez mon site, vous trouverez des articles du style “Les 10 secrets de blablabla”, “Comment réussir sa communication blablabla”. Je soigne mon contenu (je passe plus de 6 heures à la conception d’un article sur mon site), mais le titre joue beaucoup sur le positionnement SEO.
Il faut l’avouer. C’est ce type de titres qui fonctionne le mieux avec le lectorat. J’ai tenté plusieurs formules et les titres qui font une promesse de résultat accessible rapidement sont eux qui fonctionnent le mieux. Pas auprès des moteurs de recherche nécessairement, auprès des lecteurs.
C’est une tendance. Je pense que les gens se lasseront et passeront à autre chose. Pour le moment, cela reste la “norme”.
L’appauvrissement et la redondance du contenu sont peut-être en train de tuer le content marketing.
Ranimer le feu du premier amour
Vous devez penser que je suis super blasé, déçu de mon métier et que je vais bientôt me retrouver à élever des chèvres dans le Larzac.
Bon, j’avoue. J’y ai pensé.
En réalité, je suis passionné par mon métier. J’aime écrire du contenu pertinent, utile, accessible et riche. C’est même ce qui me pousse à écrire cet article.
En effet, si je m’en foutais, la situation actuelle me conviendrait très bien.
Alors, pour ne pas sombrer dans la facilité, je teste de nouvelles pistes. Je pourrais très bien continuer sur cette lancée puisque ça marche et que j’enregistre tout de même des résultats.
Medium fait partie de mon exploration.
J’y écris de façon régulière du contenu inédit depuis quelques semaines seulement. Je transfère quelques articles de mon blog également, afin de tester l’engouement que cela peut produire. En parallèle, je publie sur Linkedin également. Et les résultats sont intéressants.
Puisque Medium est une plateforme où nous venons pour lire et moins pour consommer du contenu light comme sur les réseaux sociaux, on peut imaginer pouvoir se permettre d’y écrire de façon différente.
Explorer de nouvelles pistes.
Toucher un nouveau public.
Renouveler son auditoire.
Créer une communauté.
Développer des liens.
Echanger.
Voilà finalement qui suffirait à raviver le feu du premier amour !
Ecrire … sans rien attendre en retour
Peut-être est-ce là le secret du bonheur.
Donner, sans rien attendre en retour.
Evidemment que lorsque l’on écrit, on attend quelque chose en retour. Au moins d’être lu, éventuellement un like, un clap, un partage, un commentaire.
Mais si toutes ces preuves sociales n’existaient pas, si vous n’étiez pas en attente d’un retour de l’utilisateur, qu’écririez-vous ?
Je pense que le secret de la réussite du marketing de contenu passe par là. Si vous ne faisiez pas la course au like ou aux leads, quel contenu écririez-vous ?
Si l’argent n’était absolument pas un souci, qu’offririez-vous à vos lecteurs ? Quel contenu et quelle valeur proposeriez-vous ?
Parler de vous
Pour passionner vos lecteurs et pour vous relancer dans le plaisir d’écrire, apportez votre expérience personnelle.
Un contenu n’est jamais aussi engageant que lorsque l’on se reconnait dans la plume de l’auteur. La subtilité, c’est de parler de soi pour résonner en l’autre.
Si je me contente de faits et de procédures, j’obtiendrai un certain type de résultats. Mais il me sera plus difficile de former une communauté.
Soyez personnel de temps en temps. Parlez de vos réussites, de vos échecs et faites vibrer l’âme de vos lecteurs qui partagent le même ressenti.
Faites-les voyager. Rêver. Créer. Reproduire. En un mot : inspirez.
Plus ils se reconnaitront dans votre contenu, plus ils le partageront.
Et vous, vous vous ennuierez beaucoup moins lors de la création de vos articles.
Pour conclure, souvent le plaisir d’écrire est toujours là. Enfoui. Il faut juste le réveiller. Pour cela, il peut-être nécessaire de renouer avec l’écriture sur d’autres plateformes et d’autres thématiques.
Peut-être faut-il aussi oublier, au moins pendant un temps, la pression due au retour sur investissement et simplement écrire pour le plaisir.
En effet, je vous trouve dur avec vous-même car vos articles sont d’une qualité rédactionnelle rare. Mais le fait de vous remettre en question vous honore. C’est vrai que pour conserver le plaisir d’écrire, il ne faut pas le faire que dans le but de vendre. J’ai beaucoup de plaisir à rédiger des interviews de personnes qui m’inspirent. J’apprends beaucoup, je m’enrichis humainement en les interrogeant, et j’ai plaisir à partager ces rencontres avec mes lecteurs.