IA en entreprise : pourquoi 4 projets sur 5 échouent et comment (vraiment) réussir en 2025

IA en entreprise : pourquoi 4 projets sur 5 échouent et comment (vraiment) réussir en 2025

Table des matières

Alors que je développe depuis quelques mois toutes sortes d’automatisations et d’agents IA et que je vois se profiler le développement de l’intelligence artificielle sur mon lieu de travail, une question me taraude : comment expliquer qu’autant d’organisations rêvent de déployer de l’intelligence artificielle en entreprise… et que si peu en retirent une vraie valeur ?

L’adoption de l’IA au sein des entreprises n’a jamais progressé aussi vite, en France comme dans le monde. Pourtant, derrière les chiffres flatteurs et les effets d’annonce, le plus souvent, la réalité est beaucoup moins glorieuse.

Pourquoi tant d’échecs ? Que faut-il changer pour vraiment transformer l’essai, demain ?

Voici le panorama, les chiffres qui dérangent, les naufrages (très concrets) dont il faut tirer la leçon… et les véritables clés d’une réussite IA.

L’IA, une bulle comme une autre ?

L’arrivée d’une nouvelle technologie suit un scénario que nous connaissons bien désormais. Au début, l’enthousiasme est presque irrationnel. Dès lors qu’elle devient accessible au grand public, les médias s’en emparent. D’abord, ils nous expliquent combien c’est incroyable et formidable. Dès lors que le premier élan médiatique s’essouffle, alors ce sont les dangers qui sont mis en avant.

Avec l’IA, la fascination a pris des allures de ruée vers l’or : en quelques semaines, ChatGPT est passé de curiosité technique à phénomène planétaire. L’intelligence artificielle existait déjà depuis de longues années, mais pour la première fois, elle devenait un outil entre les mains de monsieur-tout-le-monde.

Alors, nous nous sommes mis à imaginer qu’il suffirait de quelques prompts pour réinventer la productivité, l’éducation, le marketing, le commerce, ….

C’est le premier acte : celui où l’on surestime tout. On veut croire qu’en un claquement de doigts, une innovation va régler des problèmes ancrés depuis des décennies. Internet avait connu le même vertige dans les années 90 : la conviction qu’il allait instantanément bouleverser l’économie mondiale.

Nous voyions alors naître partout des entreprises se terminant par « net », « web » ou autres fantaisies pour profiter de la vague qui submergeait tout sur son passage. Tout le monde voulait sa part du gâteau. De la même manière, on peut voir fleurir toutes sortes de projets « dopés » à l’IA (certains n’en utilisent même pas pourtant).

Viendra bientôt le deuxième acte : l’éclatement de la bulle. La technologie, malgré ses promesses, se heurte à la réalité : l’inertie des organisations, le manque de compétences, la méconnaissance, la résistance culturelle, les défauts inhérents à la technologie (son coût pharamineux, tant financier qu’écologique).

Les attentes démesurées se transforment alors en scepticisme. On passe de l’adoration au désaveu, parfois au mépris. On se met à se dire, qu’après tout, ça n’était peut-être qu’un gadget.

Pourtant, l’histoire montre que c’est précisément dans ce creux de désillusion que s’installent les usages durables. Internet, encore lui, est devenu incontournable bien après que l’enthousiasme initial se soit effondré (et avec lui, ses premiers acteurs : qui se souvient d’Altavista, Lycos ou Netscape ?). Quand plus personne n’en parlait comme d’une mode, il s’est mis à transformer nos vies en profondeur : nos manières de travailler, de consommer, de nous informer.

L’IA suivra probablement le même chemin. Après le pic d’attentes et le reflux des illusions, viendra le temps où celle-ci, en toute discrétion, s’installera alors réellement dans notre quotidien.

Alors, la technologie s’effacera. On ne parlera peut-être plus de ChatGPT, Claude ou Gemini. La course n’aura plus lieu d’être car l’IA sera désormais dans toutes nos applications, dans tous nos usages, dans notre quotidien. Il ne s’agira plus de révolution permanente et les vrais usages naîtront.

Ce cycle – la promesse, la désillusion, puis la transformation – est moins excitant que la ruée initiale, mais c’est lui qui détermine ce qu’une technologie devient vraiment.

IA en entreprise : pourquoi 4 projets sur 5 échouent et comment (vraiment) réussir en 2025

L’illusion du raz-de-marée IA : où en sont vraiment les entreprises françaises ?

Le discours ambiant ressemble à un raz-de-marée : l’IA serait déjà partout, aurait envahi l’ensemble des fonctions, et transformerait radicalement les modèles d’affaires. Mais où en est-on VRAIMENT ?

Selon le Stanford HAI Index 2025, 78 % des organisations mondiales utilisaient déjà l’IA en 2024. C’est vertigineux, surtout quand on sait qu’elles n’étaient que 55 % un an auparavant. Plus frappant encore : 82 % des entreprises déclarent utiliser ou tester activement l’IA. Les exemples médiatisés abondent. Certains pays, comme l’Inde ou Singapour, affichent des taux de déploiement supérieurs à 50 %.

Et la France ? Moins flamboyante. À peine 26 % des entreprises françaises ont déployé concrètement l’intelligence artificielle. C’est moins que la grande majorité des économies développées, et bien loin des “stars” de l’IA. Pourtant, il y a un paradoxe français : d’après le baromètre Les Echos Études (VivaTech 2025), 91 % des décideurs jugent l’IA importante ou prioritaire et 44 % ont lancé des projets en 2025 (+17 points en un an). Si l’on écoute les conférences RH et les salons tech, on croirait que l’IA est déjà banalisée chez nous !

Le constat, pourtant, est limpide : la France ne manque pas de curiosité, ni d’expérimentations, mais pâtit d’un taux d’adoption réel faible. Beaucoup de discours, peu de déploiements à l’échelle.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement a lancé le plan national « Osez l’IA » en juillet 2025. Il vise à démocratiser l’intelligence artificielle dans toutes les entreprises françaises, des plus petites aux plus grandes. Il s’articule autour de trois priorités : sensibiliser les dirigeants et les salariés aux usages concrets de l’IA, former massivement grâce à une Académie en ligne gratuite et des modules pratiques, et accompagner financièrement les projets de transformation via des diagnostics cofinancés, un catalogue de solutions prêtes à l’emploi et une enveloppe globale de 200 millions d’euros.

L’ambition est d’atteindre d’ici 2030 une adoption généralisée de l’IA, avec 100 % des grands groupes, 80 % des PME/ETI et 50 % des TPE engagés dans cette dynamique, afin de renforcer la compétitivité, la productivité et la souveraineté technologique de la France.

Décalage massif entre expérimentations et véritables réussites IA

Depuis deux ans, j’observe cet étrange décalage : la majorité des entreprises françaises flirtent avec l’intelligence artificielle… mais rares sont celles qui, en 2025, peuvent présenter une success story solide.

Comment l’expliquer ? Près de 45 % mènent des expérimentations ou pilotes, oscillent entre ateliers d’exploration et “preuves de concept” sans lendemain. À l’arrivée, seuls 26 % déploient réellement l’IA — moins d’1 sur 4.

Les raisons de ce décrochage ? Un enthousiasme initial (porté par le “fear of missing out”) où l’IA devient le graal à tester absolument. Puis, dès que l’on quitte les labos ou les labs innovation, le mur du réel se dresse : budget, gouvernance, données, intégration au SI et… résistance humaine.

Un chiffre qui m’interpelle particulièrement : 70 % des PoC (Proof of concept) IA ne passent jamais la rampe du déploiement. Autrement dit : plus de deux tiers des “expériences IA” françaises sont condamnées à s’éteindre dans l’oubli, sans jamais changer l’organisation.

L’ère de l’expérimentation perpétuelle est-elle une façon élégante de différer les vrais choix stratégiques ?

Anatomie d’un naufrage : pourquoi les projets IA échouent massivement ?

Ne vous y trompez pas ! Je suis passionné par l’IA et je crois évidemment très fort à son potentiel. Pour autant, je crois que beaucoup d’entreprises sont en train de se fourvoyer dans des projets sans fondement par manque de vision.

Plus de 80 % des projets IA échouent. Oui, quatre tentatives sur cinq n’aboutissent pas ou sont abandonnées en cours de route. D’après un rapport du think tank RAND, environ quatre projets IA sur cinq n’atteignent pas leurs objectifs ou sont abandonnés en cours de route. Gartner confirme ce constat, notant que ce taux d’échec est près du double de celui des projets IT traditionnels.

Autrement dit, intégrer de l’IA comporte des difficultés spécifiques qui font que beaucoup d’essais ne se traduisent pas en succès opérationnel.

Ce taux d’échec sidérant mérite une autopsie sans tabou :

  • Beaucoup d’appelés, peu d’élus : La plupart des projets restent bloqués au stade de preuve de concept. La peur de l’échec — parfois plus forte dans notre culture qu’ailleurs — favorise la multiplication d’expériences “safe” plutôt que de véritables paris stratégiques.
  • Abandons express sur l’IA générative : selon Gartner, 30 % des projets d’IA générative en 2025 n’iront pas au bout.
  • Pas de retour sur investissement : seules 11 % des entreprises mondiales (et 26 % des grandes) parviennent à tirer une valeur réelle de leur IA. Résultat : beaucoup remisent l’ambition ou laissent mourir les initiatives silencieusement.
  • Facteurs d’échec récurrents : Objectifs flous, inadéquation métier, absence de données de qualité, difficultés techniques, explosion des coûts, et surtout, manque de soutien interne et résistances humaines.
  • La peur du déclassement : 60 % des salariés français déclarent craindre que l’IA ne menace leur emploi. Conséquence ? Le rejet, même de solutions techniquement abouties, faute d’appropriation réelle.

Tableau synthétique des causes majeures d’échec IA

Cause principaleConséquence directe
Objectifs flousMultiplication de PoC non industrialisés
Faible qualité de donnéesModèles imprécis, résultats peu fiables
Dépenses non anticipéesArrêt brutal du projet
Manque d’implication métierRejet ou sous-utilisation
Résistance interneSabotage passif, conflit de légitimité
Silo organisationnelProjets “hors sol”, jamais adoptés

L’IA est souvent traitée comme une ligne de code de plus, jamais comme une aventure humaine partagée.

De plus, pour avoir assisté à quelques réunions autour de projets IA, je remarque une méconnaissance globale du sujet. Et c’est parfaitement normal ! Ce sujet est bouillonnant et chaque jour balaie l’actualité de la veille. Mais pour se lancer, il est nécessaire d’avoir une connaissance globale de l’IA, de ce qu’elle permet véritablement, de là où elle excelle et ce qu’elle n’accomplit pas (encore ?) très bien.

Il est important de comprendre qu’elle n’est pas véritablement intelligente. Qu’elle se trompe souvent. Qu’elle hallucine plus souvent qu’à son tour. Que les agents IA n’en sont qu’à leurs débuts et qu’ils ne sont souvent qu’une forme d’automatisation.

Une vision sur le long terme nous montre aussi que la plupart des déploiements tentés aujourd’hui seront intégrés de toute façon dans les outils déjà utilisés dans peu de temps.

Enfin, les projets sont souvent mal encadrés, confiés à des personnes dont cela ne représente qu’une partie de leur temps de travail et qui ne sont pas spécialistes du sujet (non, écrire quelques prompts sur ChatGPT ne façonne pas un expert). Et je dis tout ça avec beaucoup d’humilité, tant je ne me considère pas expert en la matière.

Je suis un amateur éclairé qui bataille encore sur chaque nouveau projet. Mais je sais ce qu’il est possible de faire. Il est désormais aisé de trouver comment le faire.

IA en entreprise : pourquoi 4 projets sur 5 échouent et comment (vraiment) réussir en 2025

Cas d’école d’échecs IA qui devraient inspirer (et pas seulement la prudence !)

Tous les scientifiques le disent : on apprend plus de ses erreurs que de ses succès. Voici ceux qui m’inspirent… pour ne jamais commettre les mêmes fautes.

McDonald’s et la borne vocale : se brûler aux promesses de la technologie

Trois ans de collaboration avec IBM : l’objectif ? Automatiser la prise de commande au drive. Sauf que la machine, incapable de comprendre tous les accents et formulations, multiplie les erreurs. Résultat : effet médiatique ravageur, projet abandonné. Ici, tout part d’une surconfiance dans la technologie — sans tester à fond la diversité du langage humain.

Amazon et son algorithme biaisé pour trier les CV

Lancé pour automatiser le recrutement d’ingénieurs, l’outil IA d’Amazon a vite été mis au rebut. Pourquoi ? Les données historiques — ultra masculines — ont appris à l’algorithme à discriminer les femmes. Malgré tous les correctifs, l’équipe a finalement dissous le projet, faute d’assurance anti-biais. Un cas d’école qui prouve qu’un modèle n’est jamais meilleur que nos propres préjugés passés.

Zillow : la ruée vers la catastrophe sans “garde-fous” humains

L’opération “Zillow Offers” : acheter et revendre des maisons en se fiant à l’IA. En quelques mois, des milliers de biens surévalués, des pertes de 500 millions de dollars, l’activité arrêtée net. Pourquoi ? Le modèle n’avait pas été conçu pour affronter une volatilité extrême du marché, et le pilotage humain a cédé devant l’automatisation aveugle. La machine carburait… mais dans le mur.

Philip Morris : à quoi sert une IA si les systèmes de données sont incompatibles ?

Ici encore, le projet d’analyse IA capote non pour une question d’algorithmes… mais parce que les différentes filiales mondiales ne parlent pas la même langue data. Données cloisonnées , hétérogènes, impossibles à agréger : sans fondation solide, adieu les résultats. La leçon : l’IA ne “guérit” pas des mauvaises pratiques historiques de la gestion de données.

Air Canada et le chatbot non supervisé : de l’automatisation au fiasco judiciaire

Chatbot lancé pour épauler le service client… mais laissé sans garde-fous, il donne des informations erronées à un client, qui fait condamner la compagnie en justice. Voilà comment un tout petit “détail” de supervision peut engendrer préjudice financier et réputationnel.

IBM Watson Health : le mythe de la star IA trop vite déployée

Le superordinateur Watson, promis comme révolutionnaire pour le diagnostic médical, a été déployé dans de grands hôpitaux. Bilan : erreurs de recommandations, défiance des médecins, division revendue par IBM après 4 milliards de dollars d’investissement. Le délire marketing était-il à la hauteur de la maturité technologique ? Visiblement non.

À méditer : Ces échecs, tous portés par des géants, rappellent que la réussite en IA se joue rarement sur la “recette miracle” technologique… mais sur une somme de bonnes pratiques, d’humilité, et d’écoute du terrain.

Comment rater un projet IA à coup sûr (et comment, parfois, l’éviter)

Vous voulez saboter votre transition vers l’intelligence artificielle ? Rien de plus simple, voici 5 réflexes dévastateurs :

  1. Attaquer le sujet “par la techno” : Il faut faire de l’IA parce que tout le monde en fait. Résultat : gadgetisation, investissements non alignés sur la stratégie business.
  2. Sous-estimer la donnée : Laisser les données sales, obsolètes ou isolées dans des silos. Se réveiller quand il est trop tard, avec un projet inutilisable.
  3. Penser ROI automatique : Espérer un retour sur investissement dès la première année, sans jamais challenger le business model ni anticiper les coûts cachés (cloud, licences, compétences rares).
  4. Diviser pour mieux régner : Créer une équipe IA isolée, loin des métiers, qui parle son propre langage. Confusion des périmètres, batailles de budget, projets hors sol, rejet assuré.
  5. Ne pas créer une équipe dédiée : Les personnes qui travaillent sur votre projet IA, si vous croyez en ce projet, doivent être identifiées et pleinement dégagées de toute autre tâche. N’ayez pas peur d’arroser votre projet de formation !
  6. Ignorer l’humain : Se passer des collaborateurs finaux, raconter que “l’IA va les aider” sans pédagogie. Résisteront-ils ? Bien sûr, car 61 % se disent déjà méfiants, particulièrement les profils seniors.

Les voyants rouges à détecter très tôt :

  • Aucun KPI ou critère de réussite (faire pour faire)
  • Aucun budget formation ou change management
  • Des “Quick Wins” attendus sous trois mois
  • Pas d’implication des métiers dans l’équipe projet
  • Pas de sponsor exécutif identifié

À ce stade, une seule question : cherchez-vous à prouver que “l’IA ne marche pas chez vous”, ou voulez-vous vraiment lui donner sa chance ?

IA en entreprise : pourquoi 4 projets sur 5 échouent et comment (vraiment) réussir en 2025

Qu’est-ce qui fait vraiment marcher un projet IA ? Anatomie d’un succès

Il ne suffit pas de traquer les causes d’échec ; il convient d’observer ce qui distingue les rares projets IA qui émergent vraiment.

Alignement stratégique fort et cas d’usage business

Les réussites en IA partent toujours d’une question simple : “À quel problème métier devons-nous répondre ?”.

Il ne s’agit pas d’implémenter de l’IA pour être dans l’air du temps ou parce que tel concurrent s’y met, mais de relier l’initiative à une priorité stratégique. Par exemple, Carrefour a misé sur la personnalisation des promotions clients, un levier directement relié à l’augmentation du panier moyen et à la fidélisation.

En définissant clairement le périmètre, les objectifs et les indicateurs de succès (+23 % de taux de conversion des promotions), le projet est devenu un investissement mesurable, non une expérimentation hasardeuse. Ce qui fonctionne, c’est l’alignement : l’IA est conçue comme une réponse opérationnelle à une ambition business prioritaire.

Approche MVP (Minimum Viable Product) et “test & learn” structuré

Contrairement à l’illusion d’un “big bang” technologique, les entreprises les plus matures déploient leurs projets IA pas à pas.

La logique MVP consiste à démarrer avec un prototype réduit, sur un jeu de données limité, et à mesurer des gains réels avant de passer à l’échelle.

La Société Générale a appliqué cette démarche pour son IA anti-fraude : d’abord un pilote sur un périmètre restreint, validation technique, ajustements continus, puis montée en charge progressive.

Résultat : une réduction de moitié des faux positifs et une adoption fluide par les équipes opérationnelles. Cette approche itérative minimise les risques financiers et favorise l’adhésion des utilisateurs, en créant des cycles d’apprentissage rapides.

Excellence sur la gouvernance data et l’opérationnel

Aucun modèle IA, même le plus sophistiqué, ne peut être efficace sans une donnée propre, fiable et gouvernée.

Les organisations qui réussissent ont investi dans des fondations solides : un data lake bien conçu, un référentiel de données unifié (Master Data Management), des processus de qualité, et une politique claire de gestion des droits d’accès.

Au-delà du socle technique, elles ont industrialisé le cycle de vie des modèles via le MLOps : entraînement régulier (retraining), surveillance des performances, intégration continue avec les outils métiers. C’est cette discipline opérationnelle qui transforme un prototype prometteur en un système robuste et durable.

Leadership incarné et culture de l’innovation

Pas de réussite dans ce type de projet sans un leadership visible et convaincu.

Les dirigeants jouent un rôle décisif : ils portent une vision “data-driven”, assument le droit à l’expérimentation, et créent un récit commun qui donne du sens à la démarche. Sans cet engagement, l’IA reste cantonnée aux équipes techniques et finit par s’éteindre.

En parallèle, les entreprises qui réussissent cultivent un climat de confiance et d’agilité : elles valorisent la collaboration interdisciplinaire et considèrent l’échec comme une opportunité d’apprentissage. Cette culture de l’innovation est un levier puissant d’adhésion et d’appropriation par l’ensemble des collaborateurs.

Implication humaine et développement des compétences

Trop d’initiatives IA échouent faute d’avoir anticipé l’impact humain.

À l’inverse, les projets performants intègrent la dimension humaine dès le départ : accompagnement des équipes, formation continue, création de nouveaux rôles (data steward, data translator, MLOps engineer), et dialogue permanent sur les usages et les limites.

69 % des dirigeants reconnaissent que ces transformations nécessiteront de nouvelles compétences : les entreprises qui prennent de l’avance investissent dans des plans de montée en compétences et associent leurs collaborateurs aux choix technologiques. Cette implication est la clé pour dépasser la méfiance et inscrire l’IA dans les pratiques quotidiennes.

Comment réussir son projet IA ? Récapitulons !

Place au concret. Avant de lancer (ou d’accélérer) votre projet IA, passez chaque étape à la moulinette suivante :

Les préalables incontournables pour un projet IA utile

  • Objectif business limpide : À quoi doit servir votre IA, avec quel impact concret ?
  • Données propres et gouvernées : Qui vérifie la qualité, la cohérence, la disponibilité des données ?
  • Parcours piloté, pas improvisé : MVP, tests contrôlés, KPIs partagés, passages progressifs à l’échelle
  • Budget et ROI réalistes : Prévoyez l’imprévu (cloud, licences, formation)
  • Sponsoring fort : Un membre du COMEX ou un dirigeant s’engage explicitement, débloque les moyens, incarne la vision
  • Dimension humaine valorisée : Formation, écoute des peurs, co-construction avec les métiers, communication transparente sur l’apport réel de l’IA
  • Industrialisation pilotée : Une fois le modèle validé, passage franc à l’industrialisation (MLOps, supervision, suivi de performance)

Check-list experte avant lancement

  1. Ce projet répond-il à un problème métier identifié, partagé et prioritaire ?
  2. Quelles sont mes données (où, en quelle quantité, quelle qualité) ?
  3. Mon équipe “AI project” compte-t-elle des décideurs métiers et IT, ou seulement des “experts IA” déconnectés ?
  4. Avons-nous choisi la bonne technologie (pas la plus “sexy”, celle adaptée à nos besoins réels) ?
  5. Le déploiement prévoit-il un accompagnement humain, un plan de formation, un dispositif d’ambassadeurs internes ?
  6. Un MVP/PoC a-t-il validé l’hypothèse business (pas seulement la faisabilité technique) ?
  7. Les KPIs sont-ils définis et suivis dès le début ?
  8. Quelle est notre capacité à itérer, ajuster en cours de route, voire pivoter si besoin ?
  9. Quels “garde-fous” pour l’éthique, les biais ? (Principe de précaution sur décisions IA)
  10. Qui porte le projet : simple sponsor ou véritable leader ?

Ne sous-traitez pas votre stratégie IA à un “magicien” ou “guru”. Faites-en une aventure collective et incarnée, nourrit de votre ADN d’entreprise.

D’une révolution technologique à une transformation humaine : le vrai défi IA

Après de nombreuses années passées à accompagner des entreprises sur leur communication, leur transformation digitale et leur stratégie d’innovation, mon sentiment est clair : l’adoption de l’intelligence artificielle ne se résume pas à une question d’algorithmes. Pas plus qu’à un effet de mode.

Les prochaines fractures ne seront pas simplement techniques — IA générative, automatisation, data engineering, etc. — mais bien culturelles : quelle place de l’humain dans la décision ? Quelle acceptation de l’erreur, de l’expérimentation, dans une culture managériale française encore marquée par la peur de l’échec ?

Prenons le temps de cultiver une curiosité stratégique : Que fait l’IA mieux que nous ? À l’inverse, où doit-on rester maître des choix collectifs ? Comment développer la compétence d’hybridation technologique — ce dialogue fécond entre le cerveau humain, la machine, l’organisation ? Le grand défi, en 2025 et au-delà, sera de passer de l’outil à la culture, de l’automatisation à la réinvention des métiers.

Et maintenant ? Le pari d’une IA enfin utile, incarnée, humaine

Vous pensez que l’adoption de l’IA en entreprise est déjà gagnée ? Les statistiques soulignent l’inverse : l’emballement technologique n’a pas (encore) produit ses fruits en France. Mais les conditions de la réussite sont plus lisibles que jamais : vision, alignement, formation, rigueur data, leadership incarné, et courage d’affronter les tabous.

Osons les questions qui fâchent. Gardons l’esprit critique face aux modes. Mais surtout, outillons nos collaborateurs, nos organisations, nos stratégies d’un supplément d’intelligence… vraiment augmentée.

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Stéphane Torregrosa

Stéphane Torregrosa transforme les idées en moteurs de croissance. Consultant en stratégie digitale, formateur, blogueur et conférencier, il aide les organisations à renforcer leur visibilité, à structurer leurs prises de parole et à automatiser intelligemment leurs processus. Spécialisé en Inbound Marketing et en IA appliquée, il combine l’efficacité des données avec la puissance d’un storytelling sincère. Autodidacte, passionné par la création de contenu et les outils numériques, il conçoit des solutions sur-mesure pour gagner en impact et en cohérence. Il explore aussi d’autres formes d’expression : sous le nom de Stéphan Paul, il écrit et compose des chansons qui racontent l’humain, ses doutes et ses élans. Ce goût du sens et de la transmission traverse tous ses projets, qu’ils soient professionnels ou artistiques.
Stéphane Torregrosa content marketing, IA, communication et identité de marque

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