Kassovitz au coeur d’une promo choc

Mathieu Kassovitz a une actualité médiatique plutôt mouvementée en cette fin d’année. Alors qu’il est au coeur d’une petite polémique en n’assurant pas la promotion du film de Cédric Kahn, « Vie Sauvage », celui-ci se montre plutôt actif pour « Un illustre inconnu » qui sortira le 19 novembre prochain. Orchestrée par l’agence Darewin et les studios Pathé, cette campagne Facebook flirte avec les limites de la légalité.

Les faits

L’agence Darewin s’est déjà illustrée par plusieurs campagnes intéressantes et originales sur les réseaux sociaux. Pour la série « Teen Wolf« , elle a été la première à « hacker » les codes graphiques de Twitter, en introduisant un joli coup de griffes dans les tweets  arborant le hashtag #TeenWolfFR. Elle a également accompagné la diffusion française de Walking Dead avec des comptes Twitter zombifiés et se diffusant comme un virus.

Pour bien saisir la thématique de la campagne qui nous intéresse aujourd’hui, voici le pitch de « Un illustre inconnu » :

 »Sébastien Nicolas a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre. Mais il n’a jamais eu d’imagination. Alors il copie. Il observe, suit puis imite les gens qu’il rencontre. Il traverse leurs vies. Mais certains voyages sont sans retour. »

Ainsi, pour en reprendre la trame scénaristique, la communication digitale du film utilise ce même procédé d’usurpation d’identité. De faux comptes Facebook ont été créés, reprenant la photo de profil, les informations et quelques statuts publics de journalistes et de blogueurs. Ceux-ci ont ensuite reçu un message : « Aujourd’hui, un illustre inconnu a pris ta place sur Facebook. Suite à cette expérience, j’ai un message personnalisé pour toi. Il répondra, j’en suis sûr, à toutes les questions que tu te poses« .

La curiosité attisée, ceux-ci se ruent sur leur profil et découvrent une invitation du compte de l’usurpateur. Tout se ressemble, si ce n’est le nom qui n’a pas été repris. Certaines photos ont également été « empruntées, seuls certains regards sont changés pour laisser apparaitre celui de l’acteur. Enfin, vient une vidéo où Mathieu Kassovitz s’adresse directement à l’intéressé avant de lancer la bande annonce du film et de rassurer la victime du canular.

Un coup bien mené

Flirtant avec la légalité (l’usurpation d’identité étant sévèrement punie par la loi), cette campagne se révèle plutôt maline. Comparée aux campagnes habituelles de l’agence de communication, celle-ci est plus confidentielle, visant une niche plus restreinte, cependant, le buzz a pris forme par la plume des journalistes ciblés. Un grand nombre de médias se sont fait écho du malheur des victimes assurant ainsi une promo à moindre frais au film de Matthieu Delaporte.

L’intelligence de cette opération marketing est dans la façon dont elle colle au sujet du film et à la personnalité de l’acteur. Habitué des explosions médiatiques, du franc-parler et d’une attitude parfois considérée comme borderline, ce dernier imprègne la campagne de son charisme.

Beaucoup ont appuyé sur le caractère illégal et immoral de ce coup de communication, certains ont même parlé de piratage de Facebook. Certes, l’expérience a pu paraître troublante quelques minutes pour les principaux intéressés mais de là à parler de piratage ! Toutes les données reprises étaient publiques et accessibles à tous. De plus, l’usurpation n’était pas complète, les noms et prénoms étaient fictifs et aléatoires.

Et si cela faisait réfléchir ?

Au delà du film et de sa promo, on peut réfléchir sur l’usage des réseaux sociaux et les données que l’on offre à tout un chacun. L’usurpation d’identité n’est pas un phénomène nouveau mais celui-ci peut aller beaucoup plus loin au travers des informations que nous dispensons sur nos différents comptes.

Faire un point sur ce que l’on partage et à qui devrait être une réflexion régulière. Avec le temps, nous tendons à multiplier les comptes, nous nous inscrivons parfois via notre compte Facebook à d’autres sites et nos données nous filent entre les doigts.

Bonne ou mauvaise campagne  ?

À mon sens, il ne s’agit pas du meilleur coup de l’agence Darewin, mais cela reste une belle opération avec un joli retour médiatique. Le prolongement dans la réalité de la thématique du film était une belle trouvaille. Le film n’étant pas encore sorti au moment de la rédaction de l’article, on peut encore espérer une deuxième vague promotionnelle !

Impossible de juger le film pour le moment, rendez-vous mi-novembre pour faire le point, cependant, en cas d’échec critique, il sera toujours temps d’usurper une dernière fois les comptes des journalistes pour s’offrir de beaux articles !