10 ans de Facebook : quel impact sur nos vies ?

Facebook fête ses dix ans cette année et il est évident que ce réseau social a profondément changé nos vies. Je ne ferai pas la rétrospective du réseau, vous la trouverez sur des dizaines de site, ni sur le destin incroyable de Mark Zuckerberg, le plus jeune milliardaire du moment, il y a « Social Network » pour cela.

Retour sur un succès impensable

Il y a eu un avant et un après Facebook. Il est encore difficile de comprendre comment les réseaux sociaux ont impactés nos vies, nous en sommes encore aux balbutiements et bien des choses vont encore évoluer. Cependant, il est facile tout de même de voir naître des tendances liées à l’usage des réseaux sociaux.

Certes, Facebook n’est pas le premier réseau social. Il y en a eu pas mal auparavant à partir des années 90, tout comme il y a avait des smartphones avant l’Iphone. Pourtant, l’Iphone a défini un nouveau standard en téléphonie mobile. Il en est de même de Facebook. Pourtant très généraliste, contrairement à des « Copains d’avant », « Myspace » ou « Viadeo », il a rapidement su séduire la majorité des internautes.

Avant Facebook, les premiers réseaux sociaux visaient des communautés. Il y a eu les communautés asiatiques, les communautés noires, puis les réseaux professionnels et d’affaires, etc. Facebook, s’il a commencé de la même façon en visant les étudiants d’une Université, puis de plusieurs, puis de certaines entreprises (Google et Apple), a fini par ratisser large et à s’ouvrir à tout le monde.

Ce n’est plus un réseau ciblé. Les ados, les adultes et les seniors s’y côtoient, on peut s’amuser, chatter, faire des rencontres, jouer à des jeux ou utiliser des applications, partager sa vie et faire du réseautage professionnel. On y recherche ses amis d’enfance, on cultive ses relations avec des amis ou de la famille éloignés, on devient « amis » avec de parfaits inconnus, …

Contributeur parfait à la procrastination au travail, il est en partie responsable de l’augmentation du temps passé derrière un ordinateur (ce temps a plus que doublé en dix ans).

La vie privée a pris du plomb dans l’aile

Là où Facebook a considérablement contribué à modifier nos usages sur la toile, c’est en ce qui concerne la vie privée. Je me souviens de cette époque où l’on ne partageait que très peu de soi sur internet, où l’on évitait même d’envoyer une photo par mail. Il y avait les forums, formidables espaces d’entr’aide et de partage, où tout le monde apparaissait sous un obscur pseudo. C’était la consigne : ne jamais donner son identité réelle sur le net ! Par peur de qui ou de quoi, on ne savait pas trop, mais ça ne se faisait pas !

Voici quelques recommandations de l’époque de MSN dont certaines peuvent faire sourire aujourd’hui (tirées du site http://www.internetsanscrainte.fr) :

• Ne jamais mettre d’infos personnelles d’ordre privé comme votre nom complet, votre numéro de téléphone, votre adresse ou autre numéro de portable dans votre pseudo… sinon vous ne serez plus anonyme.
• Un ou plusieurs pseudos? Il peut être intéressant de prendre un pseudo différent pour chaque compte : un réservé à ses amis sur MSN, un autre pour jouer en réseau, et un troisième pour son blog! Ainsi, on peut compartimentaliser les informations que l’on communique et mieux maîtriser qui y a accès.
• Choisir un pseudo neutre: ni féminin ni masculin et éviter les pseudos pouvant avoir une connotation sexuelle: Sexyboy, Priscilla, lapinou, bambi, etc.

Aujourd’hui, nous avons, pour la plupart d’entre nous, un profil Facebook avec nos noms et prénoms, une photo pour bien nous identifier, notre ville et quelques autres infos que vous aurez plus ou moins complétées (religion, politique, etc). Il y a dix ans, je n’aurai jamais imaginé que nous en arrivions là, à l’époque où je faisais tout pour cacher mon adresse IP et où je lisais des manuels de hacking pour mieux me protéger ensuite. Le pseudonymat continue d’exister sur les forums et dans les commentaires de sites et de blogs, où les gens font part de leurs avis et convictions de façon plus naturelle.

Envahissant, bafouant totalement le droit à la vie privée (il n’est pas permis de s’inscrire sur Facebook sous un pseudo), Facebook est pourtant devenu pratiquement incontournable ! Je suis toujours émerveillé de la façon dont la coolitude, au premier abord, de ce réseau a su totalement changer notre façon de vivre internet et bannir les réticences.

Alors peut-être certains me diront : « M’en fous, je ne suis pas inscrit sur Facebook, bla bla bla … » Ok, mais vous utilisez certainement Google, ou un compte Gmail, ou un quelconque autre service. Internet, espace de liberté à ses débuts, s’est mué dans le temps en une sorte d’espace publicitaire contrôlé par quelques gros acteurs importants et faisant la pluie et le beau temps (les pros du SEO sauront de quoi je parle).

Une nouvelle façon de consommer des médias

L’autre facette de ce partage sur les réseaux sociaux est notre consommation de médias. Aujourd’hui, on partage de façon beaucoup plus aisée la musique que l’on aime, les films que l’on regarde, les vidéos qui nous font rire, nous émeuvent ou nous révoltent.

De façon générale, Facebook et consorts sont même venus bouleverser la façon dont les gens regardent la télévision et écoutent la radio, en donnant la possibilité de réagir en direct aux différentes émissions.

Une nouvelle façon de créer de la connectivité avec ses fans et clients

Pour les artistes, Facebook a également marqué un tournant. Il y avait déjà Myspace qui permettait de suivre les chanteurs et groupes, de connaître leurs dates de tournées et d’avoir l’impression de les « approcher » mais Facebook a étendu encore cette connectivité que les fans apprécient.

Concernant les entreprises, les réseaux sociaux sont un outil précieux. Ils permettent de prendre la « température » de la satisfaction de vos clients, l’image que vous renvoyez, d’assurer une partie de SAV, d’améliorer votre image si vous les utilisez bien. La relation clientèle peut prendre une toute nouvelle tournure !

L’intelligence connective

Les gros réseaux sociaux populaires tels que Twitter et Facebook ont permis l’émergence d’un phénomène, non pas nouveau mais en tout cas plus facilement quantifiable : l’intelligence connective et collective, l’intelligence des réseaux, la pensée des foules (que l’on pourrait résumer en un simple « L’union fait la force »).

Aristote, à son époque, imaginait déjà que l’on pouvait tirer de la majorité, où chaque membre est individuellement moins vertueux que l’élite, une plus grande intelligence et une plus grande sagesse que celle du souverain en place.

Cette impression d’avoir du poids, de pouvoir rassembler plus facilement autour d’une cause commune donne un nouveau sentiment de puissance. Nous l’avons vu au travers du printemps arabe, mais nous le voyons aussi au travers d’actions plus banales, telles que la multiplication des pétitions sur le net. Ainsi, on peut capturer au travers des réseaux sociaux les sursauts d’humeurs de la majorité.

Récemment le cas «Farid de la Morlette» en a été une belle démonstration. L’émotion suscitée par le lancer de chaton a été suffisamment vive pour être captée par les médias traditionnels et entrainer un jugement plus rapide que l’éclair.

Et l’avenir ?

Je n’ai pas abordé les changements sociologiques qu’entrainent les réseaux sociaux. Plusieurs études ont été faites à ce sujet, mais je pense qu’il est encore tôt pour mesurer de façon sérieuse leur effet réel sur l’évolution de nos us et coutumes ainsi que sur les médias au sens large.

Positif ou négatif, je pense que nous vivons une époque charnière de l’évolution d’Internet dont nous ne voyons pour l’instant que les prémices.